Les coupes de gilet

Aujourd’hui, la majorité des gilets réalisés chez nous sont pour des tenues de cérémonie – d’ailleurs principalement pour les mariés eux-mêmes. Mais très (très) peu d’hommes sont habitués à porter le gilet et ne sont pas familiarisés avec les différentes formes et possibilités qu’offre cette troisième pièce.

C’est en réalité une pièce très versatile, qui, en fonction de la coupe et de la matière, complétera aussi bien une tenue très élégante qu’un ensemble plus casual. Ce n’est donc pas juste une pièce hyper habillée qu’on ne pourra porter qu’en de rares occasions.

Globalement, on peut distinguer 3 coupes : le gilet droit classique, le gilet typé smoking en « fer à cheval » et le gilet croisé.

Le gilet droit classique

C’est le design classique du gilet. Il affiche généralement 5 ou 6 boutons, le dernier restant ouvert. Au même titre que la veste, on peut faire varier l’échancrure du gilet, selon l’effet désiré.

Un boutonnage plus haut donnera un look plus classique, qui montrera peu la cravate et la chemise. Pour les non-initiés, cela leur paraitra plus guindé, moins facile à porter avec un costume. Mais c’est typiquement la coupe qu’on conseillera pour un gilet décontracté à porter seul !

Gilet Droit échancré

A l’inverse, une échancrure un peu plus prononcée fera plus moderne en montrant davantage de cravate et chemise : ce sera le type de gilet le plus facile à porter pour ceux qui n’en ont pas l’habitude ! Le gilet pourra d’ailleurs être presque entièrement caché avec la veste boutonnée.

Gilet « smoking »

Cette forme de gilet est un dérivé du gilet de cérémonie, porté sous l’habit (la queue de pie). Ce que nous appelons le gilet de smoking est un gilet à l’échancrure très prononcé, à la forme « fer à cheval » plus ou moins marquée, supposé disparaître entièrement une fois la veste fermée – même si elle n’a qu’un bouton.

Gilet "Smoking"

La forme traditionnelle très arrondie du « fer à cheval » imite en réalité, veste ouverte, la forme et la hauteur du cummerbund (ceinture de smoking). Traditionnellement, si la température est suffisamment clémente, on ne porte pas de gilet avec le smoking, simplement la ceinture !

Gilet croisé

La forme croisée est potentiellement la plus élégante, mais aussi la plus difficile à appréhender pour les non initiés. C’est, plus que n’importe quelle autre coupe, un vrai parti pris. Ce gilet a généralement un beau revers, à cran aigu ou en col châle, et se porte théoriquement uniquement avec une veste droite. L’échancrure est, là aussi, variable :

  • Un boutonnage plus bas permettra au gilet de disparaître sous la veste, idéal pour un trois pièces. .
  • A contrario, un boutonnage plus haut évoquera un gilet plus proche de la pièce « seule » que partie intégrante d’un costume.

C’est pour moi la coupe la plus séduisante. Je porte régulièrement une coupe à l’échancrure plus arrondie et plus basse, qui fait la part belle à la chemise et la cravate.

Enfin, quelques règles générales :

  • Le gilet doit couvrir la ceinture du pantalon.
  • Par conséquent : la chemise ne doit pas être vue entre le pantalon et le gilet.
  • Les bretelles sont conseillées
  • La ceinture est, quant à elle, interdite ! elle créée un renflement disgracieux à la taille, à cause de la boucle. Les pattes de serrage la remplace parfaitement !
  • Eviter le pantalon taille basse : on devrait faire un gilet très long pour couvrir la ceinture, la silhouette serait disproportionnée.

Pour finir, savez-vous pourquoi on ne boutonne jamais le dernier bouton du gilet ?

Certains disent qu’elle vient d’Edward VII –  Bertie pour les intimes – qui l’aurait ouvert à la fin d’un dîner trop copieux, geste suivi par la cour pour imiter son monarque. Son petit-fils le Duc de Windsor, quant à lui, affirme que cette pratique est tout simplement venue d’une erreur, d’un oubli lors de l’habillage.

A noter cependant que les coupes étaient différentes à l’époque : pantalons portés taille naturelle, et gilets coupés en conséquence très hauts. Le gilet était coupé droit en bas, comme le gilet croisé. Le dernier bouton se trouvait donc plus haut qu’aujourd’hui, à peu près au nombril ou juste au-dessus. On notera que si on a fait un repas copieux, le ventre sera gonflé et relâcher la tension à cet endroit deviendra tout à fait salvateur…

De là, il n’y a qu’un pas pour imaginer ce gilet au dernier bouton ouvert !