LE STYLE AU QUOTIDIEN
Le costume marron
Depuis quelques années, on observe chez l’homme une sorte de retour en grâce du marron. C’était à l’époque post 90’s et « Hedi Slimane / Kooples » assez largement considéré comme peu élégant voir un peu cheap. Même en tweed, la côté campagne était trop connoté et ça ne faisait pas rêver. Bien heureusement tout ça a changé et on en voit de plus en plus dans les garde-robes.
J’ai entendu un podcasteur il y a quelques années dire que c’était « le nouveau gris », pour la bonne et simple raison que le marron permettait de dépareiller aussi bien la veste que le pantalon ; par conséquent, ça correspondait plus à la façon contemporaine de l’homme de porter le vêtement que le costume gris. Music to my ears comme on dit !
Effectivement, c’est un de mes objectifs quand je regarde une pièce à ajouter dans ma garde-robe. Si je peux dépareiller aussi bien la veste que le pantalon, c’est un vrai plus. L’idée est de maximiser les ports possibles sur une pièce : costume, veste seule, pantalon seul, éventuellement gilet seul, dress up & dress down. Et le marron foncé est effectivement l’un des tout meilleurs candidats. La veste fonctionne comme une veste sport, donc avec du gris, du bleu foncé, du vert, du bordeaux, du noir, de la laine au denim. Le pantalon pareil : veste sport ou haut moins tailoring, clair ou foncé, les possibilités sont très (très) larges.
En revanche, le tissu est d’une importance capitale. Autant une veste bleue, pour peu que le tissu soit un peu texturé, ça passe en dépareillé. Le marron, lui, doit absolument être mat et avoir un minimum de texture, sinon ça tombe à plat (sans mauvais jeu de mot) : on doit aller chercher la fibre casual sur ce genre de pièce.
C’est un peu évident quand on cherche une veste sport, parce que naturellement les tissus ont plus de texture et de matière. Mais ça l’est moins quand on cherche un costume. Le mien vient de chez Holland & Sherry sur le Crispaire, il est mat, légèrement texturé, bien foncé et un peu chaud, c’est vraiment une très belle variante de la couleur ; et je le porte littéralement 11 mois sur 12 pour ne pas dire toute l’année, c’est probablement le tissu le plus proche d’un pur « 4 saisons » qui existe. On peut en trouver d’autres chez eux, comme le Airesco ; mais également chez Dugdale dans la English Classics ou Royal Classic Vantage, ou bien encore Drapers dans la Ascot 4ply ou Loro Piana avec la Sopra Visso. Malheureusement beaucoup de références disponibles sont trop fines, trop lisses ou trop brillantes pour être de vraies bonnes options. Il faut chercher un peu !
En saisonnier, il y a pas mal de solutions intéressantes. Pour l’hiver, la flanelle, tous les drapiers en proposent des versions plus ou moins intéressantes – je pense aussi à des variante taupe, donc un mélange gris / marron, qui fonctionne à merveille sur une flanelle. Le tweed aussi, mais j’ai moins tendance à le recommander en costume ; en revanche, parfait pour une veste sport. Pour l’été, évidemment, le lin et ses mélanges (laine / lin ; laine / lin / soie ; coton / lin) seront tout à fait cool pour jouer cette partition (texture, matière, profondeur de couleur, tout ça tout ça).
On peut bien sûr y joindre un motif, mais ça risque de rendre le dépareillage plus compliqué. Un chevron fondu ou un pied de poule sera ok, là où une rayure ou un carreau fenêtre risque de poser problème – la taille et le contraste du motif est aussi à prendre en compte. Chacun son style et ses préférences évidemment, mais si l’objectif est d’en faire une pièce qui va s’intégrer au maximum dans la garde-robe, comme un blazer (navy, donc) ou un pantalon gris, le motif n’est pas la meilleure idée. Préférez la texture !
Le cas du mariage est intéressant aussi. Comme je l’ai dit avant, le costume marron est plus dans un univers casual que formel, donc c’est là que le chemin se sépare avec le gris. Si le mariage est dans un style plus campagne / nature, le marron foncé peut être une très bonne alternative au vert foncé ou au beige. Je recommanderais, en revanche, d’aller chercher un gilet dépareillé, comme un sable ou un blanc cassé, pour alléger la tonalité générale et pousser le côté « cérémonie ». Quant aux couleurs que l’on peut associer avec, là encore, le champ des possibles est remarquablement large. Les teintes chaudes, comme les variantes de jaune ou orange seront des contrastes naturels avec le marron ; mais une couleur froide comme un bleu ciel ou un vert d’eau seront tout aussi intéressants. Pensez nature : le marron est présent partout, du bois à la terre ; donc n’importe quelle couleur florale ou végétale sera pertinente.
A suivre !!
By Yves Chadeyras