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LE STYLE AU QUOTIDIEN

Quels costumes porter en hiver ?

Yves costume croisé flanelle grise et accessoires bleus

Les températures qui baissent sont, pour les afficionados de l’art tailleur, un plaisir non dissimulé !

Aussi curieux que ça puisse paraitre, ces amateurs de tailoring préfèrent l’hiver. L’explication est aussi simple qu’évidente : l’homme sarto – ou homo sartorialis – (non je déconne) peut porter plus de pièces en même temps ! Accumuler les couches, jouer avec plus de matières, donc plus de textures et tout simplement plus de possibilités de s’amuser.

imper, veste en flanelle, gilet et denim ; malfroid et superstitch

Alors globalement, on va essayer de proposer quelques pistes pour porter le costume en hiver, ou tout du moins, s’amuser avec le tailoring quand il fait froid.

Premièrement, les matières.

La base de la base : quelles matières sont les plus pertinentes à porter ? La réponse, au risque de décevoir, reste la laine. Que ce soit une laine peignée classique avec un peu de poids, une flanelle peignée ou cardée, un tweed « lambswool » léger ou un Harris tweed, ça reste de la laine de mouton !

L’apport différent de chaleur des uns par rapport aux autres va se faire avec l’épaisseur du tissage et de la finition. A poids équivalent, une flanelle ou un tweed sera plus chaud qu’une laine peignée classique : c’est comparable à une fourrure, avec l’air emprisonné par les petites fibres levées (ce petit côté « laineux » de ces tissus) qui gardent la chaleur.

Ensuite, on peut parler rapidement des laines dites supérieures : le cachemire, l’alpaga, le poil de chameau ou encore évidemment la vigogne.

Là c’est du ressort du luxe, c’est beau, c’est (très) cher, parfois un peu ostentatoire. Mais après, il ne faut pas non plus en oublier l’intérêt (ou l’explication de pourquoi c’est une laine supérieure, outre sa rareté)

En réalité, à poids équivalent, ces laines vont procurer plus de chaleur que la laine de mouton. C’est (aussi) pour ça que les manteaux en cachemire sont plus légers que leurs copains en laine classique.

A noter que je vais peu recommander le cachemire en règle générale : le prix très élevé n’en est même pas la raison. C’est malheureusement un désastre écologique. Les chèvres cachemire (qui proviennent du Tibet et du Népal, non de la région Cachemire) vivent à une altitude particulière, dans un écosystème particulier, typique de la très haute montagne. Par conséquent, élevées en immense troupeau pour satisfaire une demande énorme (à prix cassés), les bêtes sont trop nombreuses pour leur environnement et celui-ci en pâti sérieusement. Qui plus est, pour obtenir une laine de belle qualité (comme tous les matériaux de ce genre), il faut que les fibres / poils soient suffisamment long et nombreux. Ce qui évidemment ne peut pas être le cas avec le cachemire « pas cher », entre autres tondus trop tôt et trop souvent, le tissu en ressort fragile et (très) peu durable.

 

Donc, l’un dans l’autre, je préfère pousser mes clients vers des laines plus résistantes. Laines de mouton bien sûr, mais pourquoi pas du poil de chameau ; 2/3 du prix du cachemire mais tout aussi chaud et plus solide. C’est la matière « originelle » du fameux polocoat.

Le reste, comme l’alpaga par exemple, se retrouve plus souvent comme un complément à de la laine de mouton. Le mélange donne un caractère particulier au tissu, adoucit. Intéressant mais tout à fait anecdotique – de mon point de vue.

Polo coat sasha

Deuxièmement, les couleurs.

Je n’ai pas particulièrement de religion sur les couleurs « à porter » ou non en hiver. Même les pastels, habituellement associés à l’été comme le vert ou le bleu, peuvent faire des merveilles en flanelle ou en tweed.

Ce sera plutôt dans les accords de couleurs qu’on retrouvera une vibe hivernale ou automnale. Le gris, le bleu et le vert foncé, le marron, le rouille et le bordeaux, au choix, sont naturellement davantage sur une palette automne / hiver.  

Si on mélange les couleurs, en restant sur une palette foncée – tout du moins désaturée – avec des matières cohérente, on aura un univers hivernal.

 

Tout ça nous renvoie bien à la première partie : les matières. Un costume marron foncé en lin va faire tout à fait estival, tout comme un costume bleu ciel en flanelle fera hiver.

layering et couleurs

Troisièmement, en costume ou en dépareillé ?

Comme vu un peu plus haut, l’hiver est la saison préférée des sartorialistes. La raison principale étant le fait de pouvoir faire du « layering », le dépareillé est tout à fait intéressant. On y mélange les matières, les textures, les couleurs, les motifs.

 

Si je devais donner quelques bases de travail : un costume bleu foncé et un costume gris moyen / foncé. Les deux en flanelle (ou laine peignée, à l’anglaise, bien lourde, un peu duveteuse à City of London de chez Holland & Sherry ou English Classics par Dugdale, par exemple) et là-dessus, on peut rajouter du marron. Dans un monde idéal, c’est un costume et pas juste une veste sport. (Bon, je viens de gratter 15 lignes uniquement sur le costume marron, clairement je vous en fait grâce ici et je m’en vais en faire un article complet. )

Et on se rajoute un velours côtelé ou un moleskine pour un pantalon, autour du beige.

Là on est uniquement sur les pièces principales, mais on peut déjà faire un paquet de variations puisque (presque) toutes les pièces fonctionnent entre elles.

Là-dessus on rajoute les chemises – ça pour le coup je ne varie pas énormément des basiques ; du twill et de l’oxford, on met du chambray et du denim par-ci par-là, quelques rayures, un peu de couleur. Je ne suis pas hyper client du coton gratté et autres spécialités de l’hiver, mais chacun son truc.

Et les accessoires. Là j’aime éventuellement apporter quelques pièces purement saisonnières, avec un peu de laine et des couleurs désaturées. L’homme n’a pas 50 solutions là-dessus, ça reste beaucoup entre la cravate et la pochette. Chaussettes (mi-bas, pardon jeune sarto) aussi potentiellement, mais je ne les saisonnalise pas vraiment.

Pourquoi pas aussi, en marge de tout ça, venir ajouter un ou deux gilets (du tweed, de la flanelle, du marron, du gris, un peu de motif fondu ; mais quelque chose qui va avec à peu près tout, le choix est vaste) et éventuellement quelques pulls (col roulé, col rond, ..) !

En dernier lieu, le manteau. C’est un sujet assez large, que je trouve curieusement très « mode ». J’en ferai un article complet, sans doute en début de saison prochaine.

 

Finalement, je m’aperçois que mes palettes d’hiver sont peu contrastées. Il y a de la couleur et l’occasionnelle pièce forte, mais ça reste léger sur le contraste.

Micka costume gris flanelle et manteau polo coat

La mi-saison est l’occasion de mélanger un peu les genres. Pas interdit de commencer à jouer des palettes hivernales avec des pièces d’été ; pas non plus interdit de continuer à jouer des palettes estivales avec des pièces d’hiver !

Si la garde robe est bien faite, bien pensée, les pièces jouent facilement entre elles. La règle d’or c’est ça : quand on rajoute un vêtement, il faut réfléchir un peu à ses choix.

  • Avec quoi je vais pouvoir porter cette veste ?
  • Est-ce vraiment nécessaire de rajouter cette chemise en denim ?
  • Ce pantalon fonctionne-t-il avec ma garde robe ?
  • Je veux rajouter un costume dans la rotation : sur quelle saison j’aurais besoin d’étoffer mes possibilités et est-ce pertinent avec la date de commande ?

A suivre !!

By Yves Chadeyras

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